Corpus de la statuaire médiévale et Renaissance de Champagne méridionale et de l'Est de la France.
Volume VII (Canton de Bar-sur-Aube, tome 1) - Ville de Bar-sur-Aube et communes d'Ailleville, Baroville, Fontaine et Proverville
Jean-Luc Liez
Extraits de l'avant-propos par Patrick Corbet et Pierre Sesmat, professeurs à l'Université de Lorraine:
Ce septième volume de la série du Corpus de la statuaire médiévale et Renaissance de Champagne méridionale constitue pour celle-ci une forme de nouveau départ. La disparition des éditions Guéniot, prises dans la tempête économique touchant l’édition régionale, a privé notre entreprise d’un partenaire fidèle. (…) Aujourd’hui, les Presses Universitaires de Nancy - Éditions Universitaires de Lorraine, conformément à leur vocation d’éditeur scientifique, ont accepté de continuer l’aventure. De vifs remerciements sont dus à ses responsables.
Nos chemins ramènent sur le théâtre géographique de l’est aubois, objet de notre tome initial, celui de Sandrine Derson sur la statuaire du canton de Soulaines-Dhuys. Comme en 2003, l’aide de l’Andra Centres industriels de l’Aube favorise et même autorise la présente publication, dont la rédaction a été confiée à M. Jean-Luc Liez, docteur en histoire de l’art, membre de la Société académique de l’Aube, déjà auteur de l’ouvrage consacré au canton voisin de Brienne-le-Château. (…)
Le livre porte sur le canton de Bar-sur-Aube. Toutefois, la richesse et la valeur du patrimoine sculpté local ont contraint à réserver ce volume à la ville même de Bar, à laquelle ont été ajoutées, pour des raisons d’équilibre, quatre communes limitrophes de celles-ci, Ailleville, Baroville, Fontaine et Proverville. Un autre ouvrage de dimension comparable suivra donc sur les villages du canton, de part et d’autre de la vallée de l’Aube. Sa préparation, menée parallèlement, est déjà avancée et il suffit d’écrire les noms de Bayel, de Bergères ou de Jaucourt pour que les connaisseurs pressentent l’intérêt non moins primordial qu’offrira cette autre publication.
Jean-Luc Liez a rencontré à Bar-sur-Aube une situation différente de celle de Brienne, où le corpus sculpté présentait souvent un caractère problématique. Beaucoup d’œuvres y étaient inédites et certaines témoignaient de déplacements, de mutilations et de restaurations qui en rendaient le commentaire malaisé. À Bar, en milieu urbain, les choses sont autres. Moins de pièces suscitent la méfiance et les chefs-d’œuvre n’ont pas échappé à la sagacité des prédécesseurs. La Vierge à l’Enfant de Baroville est citée comme remarquable par J. A. Schmollgen. Eisenwerth dans son ouvrage magistral sur la statuaire du XIVe siècle. Vingt fois reproduites, les statues majeures de l’école troyenne du XVIe siècle, la Vierge au bouquet de Saint-Pierre de Bar et la Sainte Anne éducatrice de l’Hôpital Saint-Nicolas, sont tout sauf ignorées. Le soubassement érudit au travail de recherche manquait donc moins.
Pourtant les découvertes de l’auteur sont nombreuses. Ses observations rejoignent les analyses récentes de Julien Marasi pour ce qui concerne l’entourage du Maître de Chaource. Elles peuvent porter sur des niveaux de production dits populaires, comme dans la statuaire en bois de Fontaine et Proverville. Le curieux atelier itinérant « de Malaincourt » révélé par Anne Ollivier (qui a bien voulu rédiger les notices correspondantes) s’observe à Bar et à Fontaine. On le retrouvera en force à Lignol-le-Château et à Bayel. Au crédit de J.-L. Liez sera inscrit le regroupement de grandes Vierges à l’enfant datables des années 1540, apparemment caractéristiques de la zone. L’enquête méritera d’être poursuivie vers le département de la Haute-Marne.
Reste la surprise de fond: l’ampleur de la production d’influence bourguignonne. Les statues relevant de cette inspiration se révèlent nombreuses dans le district. Elles sont dominées par de calmes et nobles figures en pierre de saints évêques, par exemple celle de saint Maclou (maintenant à Saint-Pierre), qui a son presque pareil dans une collection privée haut-marnaise. Tout au plus citées dans des guides, ces œuvres n’ont jamais été étudiées. Avouons que l’absence de leur prise en compte par les spécialistes de l’art bourguignon étonne, tant la région de Bar était liée aux zones plus méridionales. La ville appartenait au diocèse ancien de Langres et chacun connaît le dynamisme dijonnais en direction de la Champagne au XVe. En tout cas, bien des statues locales de la fin de ce siècle ont été insuffisamment remarquées, ce qui a été accru par la timidité des commentateurs troyens face à un ensemble échappant à leur période de prédilection et, disons-le, de gloire.
Il y a toutefois une excuse à ce déficit. Elle tient aux vicissitudes subies par le patrimoine sculpté baralbin. En raison de la fermeture progressive et à présent totale de la collégiale Saint- Maclou, les œuvres qui y étaient conservées ont peu à peu été regroupées à l’église Saint-Pierre, non sans d’hésitantes étapes dans d’autres sites comme la Bibliothèque municipale et l’Hôtel de ville. D’où l’inaccessibilité durable à plusieurs pièces et surtout une réelle complexité dans leur parcours, encore aggravée par leur identité iconographique semblable, car un grand saint pouvait être vénéré à Saint-Pierre comme à Saint-Maclou ou même ailleurs. Le lecteur pardonnera à cet égard certaines incertitudes. Les rédacteurs de la si utile base du Conseil départemental de l’Aube établie sous la direction de Bruno Decrock ont rencontré aussi ces difficultés. On ne saurait leur faire reproche de quelques imprécisions. (…)
Année : 2017
Editeur : PUN - Editions universitaires de Lorraine
ISBN : 9782814302983