Les derniers Séleucides et leur territoire
Colloque international | 20-22 novembre 2019 | Nancy, CLSH - A104
Présentation
Ce colloque s’inscrit dans une réflexion de long terme menée à Nancy sur le royaume séleucide et son fonctionnement. Une première rencontre organisée en 2010 et publiée en 2012 avait permis d'adopter le point de vue des communautés sujettes dans leur rapport avec la couronne séleucide. Le règne d'Antiochos IV était alors apparu comme une rupture majeure. Un deuxième colloque, organisé en 2013 et publié en 2014, s’est alors intéressé au projet politique de ce souverain. Il s’agissait de s’interroger sur la manière dont ce souverain avait tenté, avec des succès divers, d'uniformiser l'organisation d'un royaume par trop hétérogène. L'une des conclusions avait été que certains des problèmes traités par Antiochos IV trouvaient leur origine sous le règne de son père. Un troisième colloque franco-allemand, organisé à Nancy en 2016 et publié en 2017, a réexaminé l’œuvre d’Antiochos III. Il a montré l’importance des territoires orientaux pour les derniers Séleucides. Cette partie du royaume est la première perdue par les souverains, qui ne ménagent pourtant pas leur peine pour tenter de la reconquérir. Les tentatives de Démétrios II puis Antiochos VII en Parthie témoignent de l’importance conservée de ces territoires dans l’idéologie séleucide. Ces souverains échouent cependant dans leurs tentatives de reconquête, pour des raisons qu’il s’agit d’apprécier.
Pour bien comprendre le fonctionnement d’un empire, il est intéressant de comprendre les causes de sa chute. Les colloques précédents ont montré combien la nature particulière du territoire séleucide, très disparate, fédérant des peuples très hétérogènes, constituait une difficulté majeure pour le maintien de la cohésion de l’empire. En s’intéressant aux derniers représentants de la dynastie, il s’agit désormais de traiter directement des raisons qui ont conduit à la dislocation de l’un des principaux royaumes issus des conquêtes d’Alexandre. Le rapport entre les derniers Séleucides et leur territoire paraît un élément décisif.
A leur décharge les derniers Séleucides ont dû faire face à plusieurs défis en même temps. Le premier est d’ordre interne : la mort d'Antiochos IV en 164 a. C. a ouvert une forte période d'instabilité, marquée par l'émergence de plusieurs candidats au trône séleucide, ce qui n'en n’a pas facilité, on s'en doute, la gestion. Par ailleurs, les derniers Séleucides ont dû affronter plusieurs défis externes - l'invasion de la Babylonie, cœur géographique, sinon politique du royaume séleucide, et une pression diplomatique de plus en plus forte des Romains. Dans un tel contexte, les derniers Séleucides se sont efforcés de gérer au mieux les territoires qu'ils contrôlaient encore et de sauver ce qui pouvait encore l'être. Comment s'y ont-ils pris ? Ont-ils cherché à reprendre pied en Orient ? Ont-ils cherché à nouer des relations diplomatiques nouvelles avec leurs partenaires traditionnels, à savoir les Lagides, les Attalides et les Romains ? Quelles ont été les attitudes des communautés locales face aux transformations d’ampleur auxquelles elles ont assisté ? La seule analyse des sources littéraires, émiettées, lacunaires et parfois contradictoires, ne permet pas d’apprécier avec précision la manière dont ils ont vu se disloquer leur royaume. Pour comprendre la période dans toute sa complexité, il est nécessaire de prendre en compte les sources anciennes dans toute leur diversité, ce qui impose un travail collectif. Notre colloque sera, comme à l’accoutumée, ouvert à des savants de toutes origines géographiques, spécialistes des différentes Sciences de l'Antiquité (études des sources littéraires grecques et latines, épigraphie classique et cunéiforme, numismatique, archéologie).
Organisé par Christophe Feyel et Laetitia Graslin